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Notre conception de l’apprentissage du mind mapping : pédagogie intuitive et inductive. Version 5

 

Formatrice et psychopraticienne...duo gagnant ?

Ma double casquette de formatrice et psychopraticienne m’a fait prendre conscience le rôle essentiel du corps dans le processus de changement. En effet, lorsqu’un client vient me voir avec un problème ou une demande spécifique, nous travaillons ensemble à partir de l’impact corporel de l’émotion négative pour aller vers un changement qui représente sa solution. Lors d’une formation de mind mapping, les clients ne viennent pas avec une demande claire de changement, mais c’est une demande implicite : car toute formation implique de lâcher ses anciens comportements, idées, certitudes, croyances, valeurs pour aller vers de nouvelles qui sont plus en adéquation avec ce que nous sommes dans l’ici et maintenant, et ce vers quoi nous allons.

Les neurosciences nous apprennent que le ressenti corporel vient AVANT la pensée (tout comme l’action est avant la pensée). Il est donc impératif lors de l’apprentissage de suivre ce parcours du corps vers la raison, si l’on souhaite procéder à un apprentissage rapide et aisé. Bien sûr, l’explication rationnelle de la relation entre le mind mapping et le cerveau est un complément indispensable, il vient en soutien.

La base de notre formation est de provoquer le changement de comportement (passer du système linéaire au système radial du mind mapping) via le ressenti corporel et l’émotion. N’oublions pas que ce changement est énorme : depuis notre naissance, nous avons appris la linéarité et personne ne remet l’écriture en cause, puisque nous sommes nés dans ce système et n’avons aucun autre référent.

Ma pratique consiste donc à faire émerger dans l’ici et maintenant le dysfonctionnement de l’utilisation du système linéaire, en posant un cadre sécurisé de manière à ce que chacun puisse vivre ses expériences. N’oublions pas que personne ne remet l’écriture en cause, puisque nous sommes nés dans ce système et n’avons aucun autre référent. Cette étape est essentielle afin que le client se trouve dans une position de curiosité, propice à un apprentissage par l’activation su système réticulée du cerveau reptilien. C’est également la position où il est conscient de son incompétence (je sais que je ne sais pas), selon la théorie de Roberts Dilts.

Étant persuadée que chaque client a les ressources en lui pour évoluer et en me basant sur l’intelligence émotionnelle (qui vient de notre esprit somatique centrée sur le corps), le client a très vite ressenti lui même les avantages et inconvénients du système linéaire ou radial. Or chaque pensée, comportement (et émotion) sont liés à une sensation corporelle. Aussi, si l’on change la sensation corporelle, on changera d’office la pensée, le comportement et l’émotion. Cela se retrouve entre autres dans les techniques de PNL. Selon Bateson (1995), Argyris & Schon (1978) et McGill & al. (1992), on peut distinguer deux types d’apprentissage qui débouchent sur des changements de niveaux distincts (changement 1 et changement 2).

L’apprentissage en simple boucle consiste à modifier les pratiques pour corriger les problèmes constatés, sans pour autant qu’il soit nécessaire de remettre en cause les principes qui sous-tendent ces pratiques.
L’apprentissage en double boucle se produit lorsque le dysfonctionnement ne peut être réduit simplement, c’est-à-dire sans remettre en cause ou à minima, interroger les principes et les buts qui sous-tendent les théories en usage. Pour résoudre un tel dysfonctionnement, il faut produire autre chose qu’un simple ajustement des pratiques.

De la capacité à faire des cartes à l’envie d’en faire

Malheureusement, la majorité des formations mind mapping donnent la part belle aux nombreuses réalisations de cartes, cette stratégie de formation agit sur un changement de comportement. Mais pour avoir une adhésion à long terme, il faut également changer le cadre de référence du client (ses croyances, valeurs et processus de raisonnement). C’est en changeant ce niveau que le client sera motivé à changer ses actions (passer du linéaire aux cartes dans son quotidien).

Ce type de changement de type/niveau 2 permet l’évolution du système et son adaptation à son environnement; ceci nécessite que les règles de fonctionnement évoluent, que la réalité soit réinterprétée, que de nouveaux apprentissages soient mis en œuvre pour franchir une nouvelle étape. A l’inverse du changement de type/niveau 1 qui tel un thermostat permet au système de maintenir uniquement son équilibre.

En « impactant » le corps et les émotions, l’adhésion au changement vient alors naturellement et presque intuitivement. Le corps sait en effet ce qui est bon pour lui et il suffit souvent de « couper » la raison du cerveau gauche et d’être à l’écoute pour accéder à une sagesse innée (l’intelligence du cœur). J’entends par « raison » le fait de raisonner : d’enchaîner logiquement des arguments pour aboutir à une conclusion. Le problème c’est que la logique de l’hémisphère gauche est conditionnée entre autres par nos expériences et nos croyances. Et c’est là que la base pour construire un nouvel apprentissage se trouve parfois instable ou de travers. Par exemple : si un apprenant a la croyance que le mind mapping ne peut rien apporter à sa vie, je peux parler autant que je veux sur le même niveau de la raison en apportant des preuves, des chiffres, etc… il ne changera bien souvent pas d’avis. La construction de son monde cognitif, commencé à sa naissance (si pas avant !), est bien en place et bien stable : pour lui c’est évident, le mind mapping ne peut pas l’aider.

Aucun problème ne peut être résolu sans changer le niveau de conscience qui l’a engendré. Albert Einstein

C’est ici que le dicton d’Albert Einstein prend son sens : il faut donc sortir de ce niveau pour aller soit vers les émotions, le corps ou le comportement. . J’ai choisi la porte du corps et de l’émotion. J’ai la croyance que le mind mapping s’adapte à tous les cerveaux…toutes les personnes… « mind mapping pour tous » comme dirait Pierre Mongin.

Il est ici judicieux de se poser la question de ce que mes croyances influencent sur le processus d’apprentissage de mes clients. En effet, suite à l’effet Pygmalion, il n’est plus possible de séparer apprenant et formateur (voir article) J’ai choisi de faire « impacter » le corps pour chaque règle du mind mapping en mettant l’apprenant dans diverses situations. Par exemple pour la première règle (mettre son papier en paysage), je vais proposer aux apprenants de se mettre debout et de tendre leurs bras devant eux poing fermé, pouces relevés et regard tout droit. Je demande alors d’écarter lentement les bras horizontalement sans bouger le regard et de s’arrêter lorsqu’ils ne voient plus les pouces. Ensuite, je propose de faire la même chose à la verticale. S’ensuit alors un échange sur les perceptions : « On voit plus large que haut » et de là l’introduction que le cerveau est prévu pour une avoir vision panoramique.

D’autre part « Comment vous sentez- vous ? » forme les bases de ce nouvel apprentissage. Par exemple je présente des infos sous forme linéaire puis sous forme radiale : « Comment vous sentez-vous ? Qu’est-ce que vous préférez ? ». Inutile d’aller plus loin pour certains, le chemin se fait en silence. Et cet apprentissage via le corps et les émotions surpasse grandement les tableaux statistiques que je pourrais montrer sur les avantages de l’utilisation des cartes. De cette façon, les apprenants s’approprient les règles qui ont un sens pour eux et peuvent alors seulement remonter vers leur système cognitif et être éventuellement ancrées avec des mots (de « avoir un sens » vers « faire sens »). Une participante qui connaissait déjà le mind mapping et à qui je demande en fin de formation ce que cette journée lui avait appris me dit : « je connaissais déjà les règles du mind mapping mais ici, je les ai véçue, ressentie ».

Le mind mapping, méthode pour tous

En procédant ainsi on ne peut que constater que les règles du mind mapping sont confirmées par tout le monde et l’apprenant quitte la journée de formation, convaincu que cette technique lui sera utile, car plus adapté à son mode de fonctionnement. Car je suis de plus en plus persuadée que cette méthode est adaptée  à tous les cerveaux. Si ce n’est les cartes manuelles, ce seront celles informatisées. Et pour les 10% qui n’adhèrent pas, le problème vient probablement de moi : je n’ai pas su trouver la « clé » pour entrer dans leur monde.  Je n’ai pas eu les bons, mots, les bonnes techniques la capacité à pouvoir éclairer la scène d’une autre façon, pour que l’apprenant la voit différemment. Si « On ne peut rien apprendre aux gens. On peut seulement les aider à découvrir qu’ils possèdent déjà en eux tout ce qui est à apprendre » (Galilée) et que le mind mapping fonctionne pour 90% des participants, alors je suis certaine que la méthode du mind mapping est biocompatible pour le cerveau de tous les Homme. Et cela induit également que j’aurai pu établir une relation de confiance, autant avec moi qu’avec les autres participants.

La posture serait-elle plus cruciale que le message ?

Par le nombre de personnes formées (plus de 1200 personnes par an), je dois me rendre compte suite à la lecture des évaluations que le formateur a une place prépondérante dans la formation. Il faut avant tout favoriser une posture réflexive et surtout l’adopter, car elle est partie prenante de la stratégie pédagogique.
Il ne suffit pas d’être expert du mind mapping pour avoir les capacités à former au mind mapping. Et c’est là que tous les jours, je bénis mon parcours pour avoir intégré de nombreuses techniques venant de la psychothérapie me permettant d’incarner un savoir-être propice à induire un changement.

Se sentir capable

Tout au long de la journée, des indices chiffrés permettent aux clients de constater l’évolution des points d’amélioration qu’ils ont souhaitée en début de journée. Car ce qui est primordial, ce n’est pas que moi je vois que les apprenants ont évolué, mais que ce soit eux qui le remarquent. En fin de journée, un plan d’action est complété, suivi de 2 coachings individuels afin d’encadrer l’apprentissage après la formation et de répondre à d’éventuelles questions. Prolonger le cadre sécuritaire posé lors de la formation et encadrer le client après la formation permet aux changements de s’implémenter et de s’incarner dans la vie de tous les jours.

Ainsi, seulement 9% des personnes ayant été formées ne réalisent pas de cartes 1 an après la formation (sur les personnes ayant répondu au sondage 1 an après la formation).

 

 

 

 

Fabienne

Fabienne