Témoignage de note collaboratrice Anne Simonis, qui utilise avec succès la carte mentale et mène une étude pilote au Sacré Coeur de Visé.
Voilà maintenant un trimestre que j’ai quelque peu révolutionné la méthode de travail dans ma classe de première année secondaire. J’y ai, en effet, introduit le mind mapping.
Au départ, je suis passée pour la prof extraterrestre qui faisait dessiner au lieu d’écrire. Certains parents m’ont demandé plus d’explication lors de la première soirée d’accueil. Les points des interros ont vite fait taire ces rumeurs. J’ai remarqué que ceux qui profitaient de la méthode ont vite remonté leur moyenne. Et mes collègues, curieux, au départ, ont voulu en savoir plus. J’ai même dû présenter une micro animation pour leur montrer la méthode.
Les élèves en parlent entre eux. L’appliquent aux autres cours, assez rapidement après avoir compris la méthode, demandent aux autres profs de mettre la synthèse en carte. Les nouveaux arrivants de janvier sont pris en main par « les experts ».
En ce début d’année civile, la découverte de la poésie est au programme. Une récitation est de mise. Après avoir choisi parmi une vingtaine de textes, l’élève doit être capable de le restituer avec l’intonation, justesse des mots, … pour certains, cela ressemble à l’escalade d’une montagne gigantesque. C’est alors qu’ils ont émis l’hypothèse de mettre la poésie en carte.
On s’est mis d’accord. C’est carte blanche ! On prépare des îlots en classe, tables de quatre, chacun sa carte et on distribue les nouveaux Stabilo et les feuilles blanche (nous nous sommes équipés de 2 boîtes de 144 feutres – class pack – très pratiques et résistants). Je leur ai donné 2 heures de cours pendant lesquelles je passais dans les îlots et où on a jonglé avec la théorie. J’ai eu pas mal de questions concernant les prises de couleur, des grosseurs de branches, les dessins, … Et je me rends compte qu’ils ont vraiment peur de quitter le linéaire. J’ai donc proposé de taper le mot à dessiner sur internet pour essayer d’aider dans la création du mot. Chez certains, le picto est acquis; pour d’autres, l’imagination fait quelque peu défaut.
Après la séquence, j’entendais déjà des strophes entières récitées. On était donc sur la bonne voie. J’ai repris les feuilles et je les ai collées au tableau sans rien dire. Et là, tous les commentaires ont surgi.
On a réexpliqué les règles et ils ont refait leur carte en tenant compte de toutes les remarques comme par exemple : en jaune, on ne sait pas lire, c’est écrit penché, …On a également redessiné les types de branches que l’on pouvait utiliser. Et on a pu constater un « avant et un « après ».
Voici des exemples de cartes réalisées.
Ce poème, Cailloux, de Maurice Carême, est très rythmique, et Anna, dès le départ, a « vu » son poème. Évidemment, le seul souci c’est la 3D du caillou et ça ce n’est pas commode de la dessiner. Elle m’a alors demandé si c’était possible de mettre une légende quelque part qui ne serait pas relié au centre. J’ai dit que ça ne posait pas de souci. Elle a créé un code flottant qu’elle a placé dans le coin supérieur gauche. Donc elle nous aide avec son code personnel.
Le cas suivant, c’est Camille. Elle a une frousse bleue de se détacher du linéaire. Pourtant après la correction, elle a fait un fameux bond en avant.
Floriant, très scolaire et très impliqué dans la méthode s’est rendu compte qu’il était trop en linéaire. Il a donc rectifié le tir après les remarques.
Ce qui est intéressant, ce sont leurs remarques quand ils ont vu les autres cartes : trop linéaire, illisible, grosseurs des branches, … Et la correction a été beaucoup plus percutante de cette manière. Je suis très peu intervenue dans leur conception. Juste de l’aide pour l’élaboration des dessins. Ils ont émis une remarque judicieuse : « Chaque mot peut être dessiné ». Ils ont tout compris.
Fière de mon expérience, j’ai continué sur ma lancée en EDM. Ici, matière assez abstraite pour eux. On devait retenir les 4 grands dangers qui guettent les centres-villes.
Les réponses étaient les suivantes :
- La Belgique connait un fort développement commercial en périphérie.
- Il y a une augmentation de la distance de déplacement et dépendance de l’utilisation de la voiture.
- Parfois commerces et ville ne s’entendent pas.
- Les grandes surfaces commerciales concurrencent les commerces de proximité.
Et voilà ce que ça donne :
Après l’élaboration de chaque branche, je leur demandais de me « réciter » la précédente. Et puis, de me dire ce qui les avait aidés dans la récitation. Chacun a répondu le dessin. La leçon suivante, je les ai interrogés. Sur les 18, 6 n’avaient pas relu mais connaissaient encore les 4 branches, 10 avaient relu et connaissaient les 4 branches et les 2 derniers, pas au top lors de la leçon, avaient retenu des brides de branches et mélangeaient tout. Ce qui n’a pas manqué de faire rire les autres et de prendre quelques noms d’oiseaux. En effet, pour ceux qui avaient relu et gardé l’information, c’était impossible de tout confondre.
On est sur le bon chemin.