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Mind mapping : quand la critique est facile, laissons parler le ressenti

Ce matin, je lisais l’article « Est-ce que le mind mapping facilite la récupération de l’info et la pensée critique des étudiants en médecine ? » , expérience menée sur 131 élèves de première année.  Comme les résultats ne donnent aucune différence significative entre les 2 groupes tests, il m’était facile de critiquer le seul exemple de carte présentée de manière à ce que l’expérience que je vis avec des enfants en difficultés scolaires « colle  » avec l’article. L’homme est ainsi fait qu’il s’adaptera au monde extérieur de manière à ce qu’il convienne à son système de croyances.
Mon attention a été attirée par la seule carte dans l’article :

Avec la légende suivante : « Exemple d’une carte mentale de l’un des étudiants en médecine dans cette étude. Notez l’utilisation judicieuse des images et des couleurs, ainsi que l’organisation hiérarchique positionnée radialement. Notez comment les différentes couleurs ont été utilisées pour indiquer les différentes hiérarchies (par exemple le vert pour le niveau primaire, le bleu foncé pour le niveau secondaire, le bleu clair pour le troisième niveau etc.).
Or, quand je regarde la carte, mon ressenti est totalement différent : je ne vois pas la hiérarchie par niveau, je ne repère pas le positionnement radial,  je suis perturbée par les branches qui font « marche arrière » et par l’utilisation des couleurs.
Admettons le prérequis suivant, spécifique à cette carte : il est judicieux, lorsqu’on aperçoit une info, de savoir sur quel niveau elle se trouve. Alors, effectivement, chaque niveau de branche sera dans une teinte différente.
Commençons par le centre. Excellente idée de représenter des cactus qui attirent l’attention par le choix des couleurs. Le centre de la carte est ce qu’il y a de plus important car c’est de là que tout part et s’organise. Le centre est un puissant outil de recentrage de notre attention à condition qu’il soit bien visible. Je remarque aussi que le centre amène de la cohérence à l’entièreté de la carte. Accentuons la différence pour mieux tester le ressenti. Je vous propose de regarder le premier dessin (de préférence en cachant l’autre) et vice versa :

Quelle perception différente avez-vous ?
Qu’apporte le centre ?
Que préférez-vous ?

Et pourquoi ne pas séparer le centre des premières branches avec une couleur différente ?

Dans ce cas-ci la couleur rouge n’apporte pour moi rien de plus, du moins sans voir le restant de la carte.
Pour appuyer la reconnaissance rapide au niveau des informations (notre présupposé), il faudrait que les branches s’inscrivent elles aussi dans un système radial :

L’emplacement des informations est très important pour notre cerveau car il peut être une aide considérable lors de la récupération des données. La méthode des loci en est une bonne preuve (voir Wikipedia). Quand on réalise une carte, le cerveau lie entre autres les informations à l’emplacement sur la feuille de papier. C’est ainsi que l’on peut se dire « Ah oui, au-dessus à droite il y avait telle information, et à gauche en dessous telle autre ». Il est essentiel que le cerveau ne visualise pas d’autre positionnement spatial. Ce qui sera noté sur les branches devra alors se faire sans effectuer une rotation de la carte. On comprend aisément qu’avec l’exemple ci-dessus, il nous est impossible de noter des informations sur les branches verticales sans tourner la feuille. La solution serait alors de décaler les branches :

Cette disposition permet également de voir directement qu’il y a 4 branches principales, ce qui n’apparaît pas sur la carte proposée.

Sur la carte initiale, nous remarquons qu’un groupe de branches est le même, l’auteur a d’ailleurs noté « same ».

 

L’avantage avec les cartes est de pouvoir représenter les similitudes sans devoir noter quelque chose. N’oublions pas qu’un mot se lit moins vite qu’un dessin puisque le cerveau en voyant un texte, l’interprète d’abord comme un graphisme, puis seulement il reconnait les lettres et se met à lire.
Il y a différentes possibilités, à chacun de choisir celle qui lui convient, ou même une autre :

Remarquez les différentes possibilités uniquement pour lier visuellement 2 branches identiques.

On pourrait également discuter sur le présupposé de base : à savoir qu’il est important de repérer sur quel niveau sont les infos. Pour la mémorisation (et ici, c’est un des objets de l’étude), la couleur peut servir de point d’ancrage à condition que son utilisation soit judicieuse.

Regardez ceci pendant pendant 8 secondes :

Ensuite, fermez les yeux et essayez de retrouver où se situaient les différentes couleurs.
Un jeu d’enfant n’est-ce pas ?
Car la couleur et la position spatiale vont servir d’ancrage aux mots clés et pictos qui composeront les branches. On pourra se dire « La branche rouge est au-dessus à droite, avec tel picto et telle info ».

En réalisant une carte où la couleur vient en soutien de la hiérarchie, comme la carte sur les plantes succulentes, les couleurs ne sont utilisées que pour lier une info à un niveau.

Je suis la première à tolérer que chacun prenne dans le mind mapping ce qui lui convient. Il ne s’agit pas de suivre bêtement les règles mais de se les approprier (par le ressenti), et de les prendre uniquement si elles font sens avec ce que nous sommes et où nous allons. Chaque règle du mind mapping a sa raison d’être et une fois conscient de cela (c-à-d après l’avoir tester corporellement), on peut décider de la suivre ou pas. Par contre, lors d’une comparaison entre le système linéaire et les cartes, il est essentiel à mon avis que les règles qui concernent les points testés soient respectées. C’est ici que l’on note l’importance d’un bon apprentissage et la difficulté de tirer des conclusions peut-être sur une mauvais base.

J’espère que vous ne serez pas d’accord avec moi et que l’on pourra échanger nos points de vue. N’hésitez pas à me laisser vos commentaires…

 

 

Fabienne

Fabienne

4 comments

Christophe Mongrédien - 29 août 2012 Reply

Merci Fabienne pour cet intéressant article ! J’entends moi aussi très souvent que les cartes ne sont pas plus efficaces qu’une bonne liste, avec comme « preuve » une carte réalisée grossièrement sur Freemind. « Grossièrement » veut dire ici sans méthode ni vision, et en effet dans ce cas une liste est plus lisible… Oui, un bon apprentissage est essentiel pour tirer le maximum du mind mapping !
Bonne journée,

Christophe Mongrédien

admin
admin - 29 août 2012 Reply

Bonjour Christophe,
Contente de te lire, comment vas-tu ?
Je ne suis pas contre de ne pas utiliser toutes les règles des MM.
Je pense que chacun doit « prendre » ce qui lui convient.
On doit s’approprier les règles uniquement si elles n’ont pas de sens pour nous.
Je connais beaucoup de personnes qui ne mettent jamais de couleurs ou de pictos, dans le monde de l’industrie, c’est souvent le cas.
Pourtant, ils trouvent avantages à réaliser des cartes.
Par contre ici, pour comparez le système linéaire et les cartes, il me semble que pour tirer un maximum de profit de ma méthode des cartes, il faut respecter toutes les règles.
Aussi non, la comparaison ne tient pas la route.
Au plaisir de te lire.
Fabienne

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