Dans un article précédent, je vous proposais une méthode pour retenir une liste de mots de vocabulaire.
Il existe bien sûr d’autres méthodes qui sont à choisir en fonction des difficultés spécifiques de l’apprenant, et qui peuvent être combinées entre-elles.
Pour ce cas-ci, nous avons repris sur la carte uniquement les mots que l’apprenant ne connaissait pas.
Il est en effet essentiel lors de liste de vocabulaire à étudier, de barrer les mots connus pour ne travailler que ceux qui « coince ». Cela met l’apprenant dans une dynamique positive de confiance en lui : il n’est pas nul, il en connait déjà.
« Vachtschip…est-ce que tu reconnais quelque chose là-dedans ? »
Peut-être connaît-il déjà le mot « schip » auquel on pourrait se « raccrocher »
« Non »
« Bon, vraaaacht schiiip, ça te fait penser à quelque chose ? » et je prononce en séparant toutes les syllabes et en insistant sur les sons.
« Non »
Sachant que Mathieu fait du bateau et connait probablement le bruit de la corne de brune, je propose :
« Imagine-toi…un cargo en mer, il y a du brouillard et il fait aller sa corne de brume “vraaaaaaaaa”, ça te parle, tu crois que tu pourras retrouver le mot vrachtschip ? »
« Oui »
« Disperser…verspreide…Pour toi disperser c’est quoi ? »
« Aller dans tous les sens »
J’ai un lien qui se fait avec « sprouit » (terme communément utilisé pour parler d’un vaporisateur), je lui propose.
« Comme un sprouit ? »
« Oui »
« C’est marrant, écoute, verspreid, versprouit, tu crois que cela pourra t’aider ? »
« Oui »
Pour « séparer…gescheiden » aucun lien n’est venu, nous décidons alors de le noter en rouge.
Le changement de couleur va attirer l’attention et il le retiendra, à la condition qu’il n’y en a pas trop sur une carte.
« Sentier…veldweg…Tu vois un sentier comment dans ta tête ? » Et je tape sentier sur Google image.
« Comme cela dit-il ! » indiquant une photo.
Je répète «veldweg » toujours en séparant les syllabes et en insistant sur les sons.
« Ben c’est facile ! “weg” c’est un chemin, ça ira ! »
« Occupation du sol…bodemgebruik…ça te fait penser à quelque chose ? Tu connais une partie de ces mots ? »
« Non »
« Bodem, ça te fait penser à quoi ? »
« A un baudet »
« Pas mal, parce qu’un baudet, ça occupe le sol ! »
« Domicile…hoofdverblijftplaats…tu connais déjà quelque chose ? »
« Oui, “hoofd”, c’est la tête ! »
« Qu’est-ce que tu penses de ce montage avec un bonhomme avec une tête en maison ?
“Super !»
“Bruyant…lawaaierig…à quoi ça te fait penser ?”
“A rien»
“Bruyant, à quoi ça te fait penser ?”
“A un garçon qui crie”
Je tape “crier” sur Google image, et il me montre son image mentale d’un garçon qui crie.
“Qu’est-ce que tu penses si ce garçon crie ‘laaaawwwwwaaaaaaiiiiiiieeee» ?” Et j’insiste bien sûr sur le son aigu, nasillé pour faire vraiment quelque chose de bruyant.
“OK”
“Imperméable…ondoordrinckbaar…est-ce que tu connais déjà quelque chose ?”
“Oui : drink ; c’est boire !”
Je tape “boire” sur Google et il choisit une image.
J’imagine, en fonction de l’image choisie, de poser cette tête sur un imperméable. Je lui demande donc de choisir une image pour “imperméable”
“Entrepôt…opslagruimte…tu connais déjà quelque chose ?”
“Non”
Je répète plusieurs fois le mot “opslagruimte” pour voir si cela lui évoque quelque chose…mais rien ne vient.
Je remarque alors que la similitude des lettres dans les mots et lui fait remarqué.
«Si on le note comme cela, tu penses que cela va t’aider ?”
“Oui”
“Statue…standbeeld…une statue, c’est comme quoi ?”
“La statue de la Liberté”
“Standbeeld, ça te fait penser à quelque chose ?”
“Non”
Je remarque que les 2 mots commencent par les mêmes lettres, je lui fais remarquer.
Pour faire un lien supplémentaire, je propose :
“Les statues, en général, elles sont belles (faisant référence à ‘beel’)”.
Je suis toujours surprise et émerveillée de constater que chaque apprenant a toutes les ressources en lui pour dépasser ses problèmes. Car il a toujours un lien en tête qui va lui permettre de “rattacher” une nouvelle information à une ancienne.
C’est comme si chaque mot possédait plein de lien, et il faut juste aller chercher le lien pertinent, c’est-à-dire celui qui a un sens pour l’apprenant.
Mon rôle est juste de lui montrer qu’il peut aller chercher ces liens et d’ouvrir sa créativité.
Pour cela, j’ai bien sûr la croyance que l’apprenant en et capable. C’est l’importance de l’effet Pygmalion dont j’ai déjà parler dans cet article.
Cela signifie également que je dois m’écouter et être réceptive à ce qui me vient afin de montrer, non pas le chemin, mais un des chemins.
Car aux premières questions « A quoi ça te fais penser ? », souvent l’apprenant va répondre par la négative.
Je dois aussi totalement lâcher prise sur ce qu’il vient, car c’est ce lien qui est bon car il existe dans la tâte de l’apprenant. Nous allons simplement le formaliser sur la carte et renforcer ce lien pour un visuel.
Souvent les jeunes ne voient qu’une manière d’étudier…par cœur, et c’est pour cela qu’ils décrochent facilement, car cette technique n’est pas efficiente pour tout le monde.
Une fois le principe compris, l’apprenant sera en mesure de transférer cette technique dans tous ses autres cours.
Quel plaisir devant l’émerveillement des apprenants : “On peut faire cela pour retenir ?” “Ben oui, bien sûr qu’on peut ! on peut même s’amuser en étudiant !”
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